accueil du site / Ensemble du livre : biographie de François Nespola, 1858-1911

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Tram à cheval

L'hiver 1878-1879, avec la mort du vieux Falicon, le malheur s'abat sur François

Une triste fin d'année 1878

Le chantier du tram prend du retard et les riverains s'impatientent

Le lendemain du mariage de Costanza, la vie reprend son cours et comme tous les jours, Francesco travaille sur le chantier du tram. C'est le dernier tronçon de cette ligne qui vient du centre de Nice. Les rails sont déjà posés de Magnan au carrefour de Fabron. Les tranchées sont ouvertes jusqu'à l'église Sainte-hélène et il ne reste qu'à finaliser mais ça prend du temps au grand mécontentement des riverains qui ne supportent plus la gêne occasionnée par les travaux et exigent d'aller venir librement.

Ce matin là, le travail a commencé dès le point du jour. La clarté est tardive en ce début novembre et le froid est vif. Le corps encore un peu engourdi, Francesco décharge les rails avec un autre ouvrier. Heureusement , il est jeune et plein de force mais son compagnon plus âgé titube sous le poids du fagot de rails. Hé oui, pour hâter la manoeuvre, le contremaître fait décharger les rails trois par trois. C'est beaucoup trop lourd mais il faut tenir la cadence, la Compagnie du tram l'exige. L'attelage avance progressivement et l'équipe aligne tout ce matériel en bordure de la route. Ensuite il ne restera qu'à mettre en place les rails, combler les tranchées et paver la rue. Si la pluie et la boue ne ralentissent pas le chantier, dans une semaine, tout sera fini. Vers dix heures du matin, ils dépassent l'église Sainte-Hélène et longent les grands murs de la villa "la Baie des Anges" du peintre Ziem.

Ce peintre, le vieux Falicon lui a raconté que c'était un peintre fameux à Paris. Probablement attiré par le soleil de Nice et aussi peut-être par la clientèle aisée ou par son ami Gambard, le marchand d'art, il avait acquis ce grand terrain planté d'oliviers qui jouxtait l'église Sainte-Hélène. Dans son atelier, il formait de jeunes niçois à la peinture.

cadastre villa Ziem
Cet extrait du cadastre est daté de 1871. Ce recensement des lots servira de base aux taxes foncières annuelles sur les propriétés bâties ou non bâties.A partir du numero de lot, on peut retrouver les ventes ou héritages. Le peintre Ziem a acheté le lot près de l'église en 1876.

Félix Ziem photograph BNF Gallica (cropped) Ziem peintre orientaliste Ziem Venise

Le peintre Ziem et deux de ses tableaux sur lesquels il a bâti son renom en tant que peintre orientaliste, précurseur des impressionnistes Expositions à Paris. Ziem au Petit Palais Boudin à Jacquemart-André .




Justement, devant la villa Ziem, les allées et venues sont incessantes. Il faut à chaque fois remettre les toles pour que la voiture de maître puissent franchir les tranchées. Vers midi, l'équipe est fatiguée et traine un peu. Le cocher, impatient, les insulte :

— bande de fainéants, bougez-vous un peu !
— aspetta un attimo, dit le compagnon
— petta, petta ... je t'enverrais péter moi. Ici, c'est la France et on va vous apprendre à travailler, bande d'attardés. À Paris le tram est fini depuis longtemps. Allez dégagez moi ces rails qui bouchent le portail. Je suis pressé.

Francesco intervient :

— attendez juste un peu et on finit de poser les rails. Ensuite vous serez tranquille. Les travaux seront finis devant cette villa.

Le contremaître arrive en renfort et essaie lui aussi de négocier. Mais rien n'y fait. Il faut dégager le passage immédiatement. Cela retarde d'autant l'avancement du chantier.

Le soir Francesco est exténué. Il en parle avec son ami, le vieux Falicon.

— ces Français nous méprisent et pourtant c'est bien chez nous qu'ils viennent vivre. Ils n'ont qu'à rester à Paris. Ils achètent nos terres et ne sont pas capables de les entretenir. J'ai vu par le portail, leurs oliviers ne sont même pas taillés et ils laissent les olives pourrir par terre.
— les olives, ce n'est pas l'affaire de Ziem. Ce peintre voyage beaucoup. Tu vois, il a acheté ces terres en 1876 mais depuis il continue à voyager entre Paris, Nice et Venise. Le cocher que tu as vu, c'est un Parisien. Ziem n'emploie pas de Niçois alors les oliviers, ce n'est pas leur problème. La peinture rapporte plus et j'ai lu dans le journal que ce "Monsieur" Félix Ziem vient d'être nommé Officier de la Légion d'Honneur.
— encore un qui ne m'embauchera pas comme jardinier. Pourtant, je pourrais lui faire un jardin magnifique avec des oliviers bien entretenus et aussi des plantes rares qu'il serait fier de montrer à ses visiteurs. Au jardin du Var j'ai beaucoup appris.
— quand le chantier du tram sera fini, tu pourras toujours essayer !
— Hé oui, j'en rêverais.

Sur ce, ils vont se coucher mais comme toutes les nuits, Francesco a du mal à trouver un sommeil récupérateur. GianPaolo fait de plus en plus de cauchemars et ses hurlements réveillent Francesco quand ce n'est pas les quintes de toux qui étouffent le vieux. Là, François se lève pour aider son vieil ami. Il le redresse un peu pour lui faire boire la tisane de thym qui mijote au coin du feu et y rajoute du miel comme le lui a conseillé la fille de GianPaolo, celle de l'auberge.

La mort du vieux Falicon

Tous ces bons soins ne suffisent pas. Le vieux est affaibli par une pneumonie. La fièvre monte et dans son délire, les cauchemars de la guerre d'Espagne reprennent de plus belle. Dans ses derniers jours, il ne reconnait même plus sa fille ni François et les menace de son arme. Alors François cache le pistolet dans son armoire et le lendemain, il doit laisser le vieux qui ne semble pas en avoir pour longtemps. Il aimerait rester auprès de lui pour l'accompagner dans les derniers instants mais le travail l'attend. Vite, il passe à l'auberge pour avertir la famille. Sa fille et son ami, le boulanger Gilli mais aussi tous les cousins Falicon. Ces cousins, de près ou de loin, qui rodent hypocritement pour prendre des nouvelles. On ne sait jamais, il y aura peut-être quelque chose à grappiller. Le vieux a amassé des médailles, des armes, des pièces d'or peut-être. Le soir quand Francesco rentre, il trouve le vieux très faible mais très agité :

— Francesco, mon petit, donne moi ma pistole. La nuit, ils rodent. Sans ma pistole, je ne peux pas me défendre. Tu sais je la garde toujours près de mon lit. Je sais que c'est toi qui l'a prise. Petit, rends la moi !

Francesco essaie de le calmer, de lui dire qu'il ne risque rien, qu'il est là et que personne ne va l'attaquer pendant la nuit. Le vieux ne veut rien entendre et se fâche. Il se met à crier au vol et alerte tout le voisinage.

Les cousins arrivent en premier. Ils repoussent Francesco et demande à Gian-Paolo ce qui ne va pas. Le vieux tremble de la tête aux pieds. Il s'étouffe mais entre deux spasmes, il réussit à leur dire

— ma pistole. Il a pris ma pistole.

L'affaire est grave. Un vol ... Pas plus tard qu'hier, ils en discutaient sur le chantier. Aucune pitié pour les pauvres. Au contraire, peines doubles. Avec ce froid, un pauvre clochard avait osé voler une veste et un pantalon qui séchaient sur un fil à linge dans le jardin d'un bourgeois. La sanction venait d'être prononcée : trois ans de prison. Alors pour le vol d'une arme ... ce serait le bagne assuré. Francesco blêmit. Il perd ses moyens sous le poids d'une telle injustice. Il baffouille :

— Non, non ... Je l'ai mise dans mon armoire ...

— Dans son armoire ! les autres s'exclaffent de rire. Il va vite en besogne. Le vieux n'est pas encore mort et il le dépouille déjà ! Pauvre Gian-Paolo, encore naïf à son âge. Faire confiance à un italien. En plus celui là, c'est de la mauvaise graine. Y a qu'à demander à son frère. Même pas capable d'aider sa famille.

Le vieux continue à s'étouffer mais personne n'y prend garde. francesco essaie de se rapprocher de Gian-Paolo pour l'aider.

— C'est ça, fais semblant. Mais tu as raison, reste auprès du vieux, nous on va fouiller ton armoire, pour le cas où tu aurais pris autre chose.

Au passage, ils en profitent pour mettre à sac l'appartement. Sait-on jamais si le vieux avait caché des pièces d'or dans les tiroirs ou dans la cheminée. Ils savent bien que le jeune est innocent mais on pourra toujours lui imputer la disparition des trésors si la fille connait les cachettes et les retrouve vidées.

À leur grand étonnement, leurs soupçons se confirment. Dans la doublure du manteau de Francesco, caché dans une poche secrète cousue dans l'ourlet, ils trouvent la montre en or, le trésor de Francesco. Depuis son retour d'Albenga, il n'a parlé à personne de la montre de son grand-père Vignola. Sa tante lui avait dit "garde la, c'est la volonté de ton grand-père. Par contre si tu la vends, partage l'argent avec tes frères et avec Costanza."

— C'est la montre de mon grand-père.

— Quel menteur ce Nespoula ! Regarde les initiales au dos. C'est le "G" de Gian-Paolo ! Voleur, ton compte est bon, il faut appeler la police mais en pleine nuit, c'est trop tard Alors toi, ouste, dehors et donne nous tes clés. Pas question que tu restes ici.
— Mais il va se sauver. Faut pas le laisser partir. Il faut qu'il soit condamné.

Ils sont bien embêtés alors quand Francesco suggère d'appeler Gilli, le boulanger. Ils acceptent. Si Gilli le veut bien, il pourra garder un oeil sur Francesco car le pain, ça se fait la nuit et Gilli ne dort surement pas.

Gilli arrive, avec sa toque, son grand tablier blanc et les bras enfarinés. Il voit l'air perdu de Francesco et demande à la meute :

— C'est quoi votre problème avec ce petit ? (Gilli est pas beaucoup plus grand que Francesco, mais il pourrait être son père, d'où l'appellation affectueuse de "petit".

— Le vieux nous a appelé à l'aide. Ce Nespola lui a volé sa pistole et même sa montre en or et qui sait ? Depuis le temps qu'il vit avec le vieux, il a pu lui dérober bien d'autres choses.

Gilli éclate de rire.

— Bande de vauriens, c'est vous les voleurs. De l'aide Gian-Paolo en avait bien besoin et Francesco a veillé sur lui comme son père. Dévoué ce petit. Il a rendu le sourire à mon ami. Moi, je me serais bien occupé de lui la nuit mais je fais le pain. Et vous, vous l'auriez laissé crever le vieux. Quant à la pistole, c'est du délire de l'accuser de vol. Sa fille en témoignera demain, c'est nous trois qui avons décidé de cacher la pistole du vieux. Pour éviter qu'il ne tue quelqu'un dans son délire. Allez, viens avec moi Francesco ! Tu vas m'aider pour le pain. Demain sa fille confirmera mes dires.


— Et la montre du vieux, tu peux nous expliquer ?

— ça je sais pas. On verra demain. Assez traîné, vous allez me faire rater la fournée. Francesco, viens avec moi ! Et pour la montre, donnez la moi. Faîtes moi confiance, je la rendrai à qui de droit. À lui surement car ça m'étonnerait que ce petit soit un voleur ! Et donnez moi aussi les clés comme ça on pourra aider Gian-Paolo au besoin.

Arrivé près du four, Gilli le recharge vite en bois. Francesco propose de l'aider à pétrir mais Gilli lui installe une paillasse par terre.

— Dors mon petit. Tu as eu une dure journée et demain ne sera pas mieux.

Francesco, un peu honteux, explique tout à son ami et précise :

— Le "G", c'est Giuseppe, le prénom de mon grand-père Giuseppe Vignola et pour la deuxième initiale, c'est un "V" et pas le "F" de Falicon. Demain au grand jour, on fera bien la différence. Et puis Mama la reconnaitra, la montre de son père. Mais ils seront surpris car je ne leur en ai jamais parlé.

Il avait hésité à en parler de peur de la jalousie de Michele. À plusieurs occasions, il avait même failli la lui donner cette montre. Il aurait bien dû le faire. Maintenant, c'était trop tard. Sa famille lui pardonnera surement sauf Michele dont ça renforcera la jalousie.

— en tous cas tu peux compter sur nous. Nous te connaissons trop bien pour te laisser juger pour vol. Et pour la montre, tu auras surement le soutien de Costanza et de tes frères cadets, ils t'aiment beaucoup.

Le lendemain soir après le travail, tout le monde se retrouve à la boulangerie avec la solennité d'un vrai tribunal. Cattarina, la mère de Francesco, est là, toute menue et toute émue, elle tient à peine sur ses jambes. Elle est venue avec Michele et Costanza. L'affaire est vite règlée. La fille Falicon atteste que Francesco a eu raison de cacher la pistole car son père perdait la tête et aurait même risqué de leur tirer dessus. Elle remercie Francesco pour tout ce qu'il fait pour son père et lui demande de resteer s'occuper de lui. Pour la montre, Cattarina la reconnait aussitôt. C'est bien la montre de son père. Elle a confiance en Francesco mais elle propose de reprendre la montre pour éviter que la querelle ne dégénère entre les enfants. Ainsi, à la grande déception des voisins, Francesco se retrouve blanchi de toutes les accusations.

Cette épreuve l'avait miné. En plus, le vieux sombrait de plus en plus. Finies leurs discussions du soir et cette belle amitié. GianPaolo n'ouvrait même plus les yeux et continuait à délirer. Francesco s'occupait du vieillard avec diligence. Il le faisait par devoir et essayait d'assurer les derniers jours du malade dans la dignité.

Cela ne dura pas longtemps. GianPaolo ne passa pas Noêl et Francesco se retrouva à la rue. Il n'avait pas les moyens de louer cet appartement et ne voulait pas remonter à Ginestière comme le lui demandait instamment le petit Battiste. A douze ans, il est encore petit et pas assez costaud pour Michele qui se plaint du peu d'aide qu'il apporte au métayage. Honoré a dix huit ans mais il va bientôt partir à l'armée. Michele semble miné par une maladie qui l'essouffle au moindre effort. Il a besoin d'aide mais trop fier, il n'ose pas l'avouer. Cette année la récolte d'olives a été faible en raison de la sécheresse et il vaut mieux que Francesco garde son travail à la compagnie marseillaise de tram. De toutes façons, cette forte tête ne lui sera d'aucune aide.

Francesco passe la première nuit à Ginestière. La place ne manque pas. Depuis son mariage, Costanza a libéré sa chambre.Le lendemain matin, c'est avec regret que Francesco dit au revoir à tous. Il va louer une chambre à Magnan dans la maison Levesy qui accueille les ouvriers comme lui. Le loyer est modeste mais la promiscuité est grande. Il faut partager une chambre à quatre et les soirs de paie, les ouvriers boivent et la violence se déchaine. Il faut aussi se méfier des vols qui sont fréquents. Finalement, c'est bien que la Mama ait récupéré la montre de son père. Francesco n'aurait pas pu la garder et pour rien au monde, il aurait accepté de la vendre. Cette montre appartient à la famille et elle y restera. Qui sait, si un jour il réussissait comme jardinier, il lui faudrait bien cette montre pour attester de sa réussite bien méritée. Il la porterait fièrement puis la transmettrait à un de ses fils.

Francesco se ressaisit. Que des rêves tout ça. La vie des pauvres est sans issue et l'amertume de MIchele commençait à le gagner. Heureusement, tous les dimanches, Costanza les invitait tous. La joie rêgnait dans ce foyer avec Barthélémy et ses parents qui appréciaient beaucoup Costanza. Ils prenaient soin d'elle et la dissuadaient de faire des travaux de force.

- Cette petite est courageuse. Rien ne l'arrête mais il faut qu'elle fasse attention sinon elle risque de perdre notre futur petit fils.

- Futur petit-fils OU petite-fille ! Qui sait ? Costanza souriait

- moi, je sais, répondait sa belle-mère. Y a qu'à voir comment tu le portes. Le ventre est bien haut, ce sera un garçon.

- moi j'aimerais une fille. disait Barthélémy. Elle sera aussi douce et gentille que Costanza. Tu t'imagines si c'est un garçon comme Michele, son oncle !

Costanza l'arrêtait. - Le pauvre Michele, il a eu une vie rude et il n'est pas vaillant alors n'en rajoute pas. Ne critique pas mon frère !

Pour clôre cette plaisanterie et ne pas attrister Costanza, Barthélémy la prit dans les bras.

- ne t'en fait pas. Garçon ou fille, notre enfant sera heureux avec nous ... et il aura des frères et soeurs pour jouer.

Vite dit, c'est facile pour les hommes d'avoir des enfants. Un moment de plaisir même mais Costanza avait un peu peur de l'accouchement. Heureusement que sa belle-mère était là. Sa mère lui semblait de plus en plus absente, triste et résignée.

Alors Costanza les invitait le dimanche.

Michele refusait de venir et en profitait pour aller jouer aux boules à l'auberge. Il en profitait aussi pour boire de plus en plus. Un petit remontant, ce n'est jamais de refus. Et puis ces tourtereaux, leurs invitations du dimanche et leurs projets d'avenir, ça l'énervait. Comme s'il y avait un avenir. Paysans, ils étaient, paysans ils resteraient. Toujours aux service des bourgeois qui récoltaient sans rien faire, les fruits du fermage. Et ce bébé à venir, ce serait un esclave de plus. Comme eux tous. Comme ce rêveur de Francesco. Il commençait à tomber des nues, celui-là. Finis ses rêves de fleurs, d'"horticulture" comme il disait. Tous les jours, il cassait les cailloux comme un bagnard pour cette ligne de tram qui n'avançait pas. Et le soir il dormait dans ces chambres collectives en compagnie de pauvres journaliers comme lui. La pitié lui venait pour Francesco. Le pauvre, il s'en prenait dans la tête, son frère ! Finalement la vie de métayer c'était mieux, plus confortable ... une grande maison, un beau terrain ... Tant que les Ammirati prolongeaient le bail à la saint-Michel, fin septembre, c'était toujours ça de pris. Tant qu'il en avait la force ... et puis ensuite, il pourrait toujours faire appel à Francesco. Il savait bien que son frère ne les abandonnerait pas. Trop brave, trop dévoué ... le pauvre.

Tant bien que mal Francesco resta sur le chantier du tram pour finir la ligne. Mais elle serait bientôt achevée, cette ligne et Francesco décida de prendre les devants. Un dimanche, dans ses beaux habits, il sonna au portail de la villa La Baie des Anges et demanda à voir le peintre Ziem qui venait de rentrer de Paris. Il lui proposa de tailler les oliviers, les rendements en huile seraient meilleurs et de s'occuper du jardin. L'accueil fut des plus froids.

- Quelle idée ! De quel droit osez-vous venir me proposer vos services ? Je n'ai rien demandé et je n'ai pas de temps à perdre. Surtout avec vous. Je ne sais pas qui vous êtes. Une forte tête, un voleur peut-être ? Demandez à mon cocher ! La rumeur ne vous épargne pas. Je ne vais pas laisser entrer chez moi un inconnu sans références. Mes oliviers me conviennent comme ça, ils me font de l'ombre et me servent de modèles dans leur sauvagerie et ça me suffit. Je ne veux pas peindre des arbres mutilés et je n'aime pas l'huile d'olive. Chez moi, la cuisine se fait au beurre. En plus je suis souvent absent. Alors je ne fais confiance qu'en ma famille. Je vous ai tout dit. Pas la peine d'insister, veuillez sortir !

Francesco se retrouvait dans une impasse complète. Que faire pour survivre et payer le loyer de sa chambre miteuse? Avec une pauvre paie de journalier, il y arrivait à peine. Il fallait absolument trouver une autre solution.





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Bonne lecture !


Documentation

La mort du vieux Falicon et la querelle des frères sont inventées.

Pour ce qui est des travaux du tram, l'article s'appuis sur : Pour la villa Ziem : Documentation globale de ce projet de biographie en livre d'images