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Ensemble du livre : biographie de François Nespola, 1858-1911
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1887. .
Au matin du mercredi des cendres, le tremblement de terre et la panique.

Les maisons se fissurent et menacent de s'écrouler, les familles vivent sous la tente. Les étrangers cherchent à rentrer au pays, les riches Niçois à quitter la ville pour se réfugier à la campagne. C'est la panique.
lien vers le journal "Le petit Niçois" du jeudi 24 février.
Suite de l'histoire Nespola
Au matin du mercredi des cendres, le 23 février 1887, le jour commence à poindre, François prépare son charreton dans le jardin : des fleurs, des légumes et des plants de basilic qu’il a hâté sous serre.
Le sol tremble légèrement, comme au passage du tram mais sans bruit. Les oiseaux se taisent, les chiens du quartier se mettent à aboyer. C’est curieux, François ne les a jamais entendus ainsi. Ils hurlent à la mort. Puis lorsque vient la deuxième secousse, quelques minutes plus tard, il comprend et se précipite à la maison. C’est un tremblement de terre. Vite il faut faire sortir tout le monde.
Les meubles craquent, le miroir de la commode éclate, les vitres aussi et tous ces bris de verre parsèment la pièce.
Catherine se précipite vers le petit lit de Michel. À un an il se fait déjà lourd, surtout que Catherine est enceinte et son ventre se fait pesant. Elle essaie de rassembler des affaires, une couverture pour le bébé et sa robe de chambre. Elle ne peut tout de même pas sortir en chemise de nuit.
— Si, si, lui dit François. Toi et le bébé, dans le jardin TOUT DE SUITE. Je vais aider ta mère, il ne faut pas qu'elle reste là-haut. La voix de François est gentille mais ferme. Catherine obéit, rassurée de voir la situation prise en charge.
Au passage, il jette la couverture et la robe par la fenêtre dans le jardin. Francesco grimpe à l’étage. Quand il arrive dans la chambre de sa belle mère, les cloches de l'église Sainte-Hélène toute proche se mettent à sonner le tocsin.
— Que fais-tu là ? Le feu ? C’est pas chez nous ? Un accident de tram ? demande Francesca.
— Non, un tremblement de terre, je vous aide, il faut SORTIR !
— T’inquiète pas pour moi ! File aider Catherine et le petit ! Je reste ici ! La maison est solide et puis si c’est mon heure, c’est Dieu qui décide.
Occupée à sa toilette, elle est à moitié dévêtue et refuse de descendre. À 72 ans, elle se déplace difficilement mais Francesco insiste :
— Pas question, venez vite avec moi sinon Cattarina m’arrachera les yeux et montera vous chercher. Alors pas de manières, VENEZ !
Il lui jette la robe de chambre sur le dos, Francesca la boutonne en hâte puis s’appuie sur son gendre et fait de son mieux. À eux deux, ils arrivent à descendre dans le jardin et retrouvent Catherine, Antoinette sa sœur et les enfants au milieu du jardin. Tout le monde est rassuré, la maison a bien résisté mais à entendre les pin pon des camions de pompiers, il y a des dégâts dans le quartier. Une fois femmes et enfants sécurisés, Vincent et François rejoignent les secours. Francesco est inquiet pour sa mère et ses frères. Leur maison est-elle toujours debout ?
— Sois prudent Francesco, ne me laisse pas ! Que deviendra-t-on, les enfants et moi si tu ne reviens pas ?
Une fois dans la rue, ils plongent dans les embouteillages. C’est la panique générale, les gens fuient la ville. Au carrefour du vallon, les riches voitures du château Barla forcent le passage. Il y a de grosses berlines chargées de malles empilées à la hâte. Les cochers hurlent « Place au Lord Bishop ! ». Les premières réussissent à s’insérer dans le flot mais la foule excédée bloque le dernier attelage, le plus petit. Les chevaux se cabrent. La petite chaise de poste menace de se renverser. L’occupante, une dame anglaise hurle de peur. Avec son amas de bagages, elle est coincée dans ce véhicule étroit sans porte latérale. Impossible de sortir par devant, le véhicule est trop secoué. Elle voit sa mort arriver.
Pour éviter l’accident, et par peur d’être écrasée par les chevaux, la foule cède la place et le carrefour se débloque. Tous fuient vers l’ouest : des femmes à peine vêtues, tendant leurs bébés à bout de bras pour supplier les riches Niçois de les prendre en voiture , de pauvres ouvriers résignés fuyant leurs chambres insalubres dans ces immeubles déjà branlants avant le séisme. Tous fuient vers l’ouest, vers la sortie de la ville. Ensuite les étrangers continueront vers Marseille et les Niçois remonteront vers leurs campagnes sur les collines ou dans les villages de l’arrière-pays.
Vincent et Francesco se faufilent à contresens, ils se hâtent vers Magnan où on entrevoit un nuage de poussière. Pourvu que Mama ne soit pas ensevelie sous ces décombres !
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Tome 3 1885-1911
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Documentation.
- Wikipedia : la chaise de poste
- Wikipedia : la berline

- Le chateau Barla
- Les folies se bâtissent sur les collines ouest de Nice,quartier Fabron entre 1860-1900 : châteaux d'opérette, abbaye .... .
- Le cadastre indique qu'en 1877, Ernest Gambart a vendu des propriétés à Georges Bishop, rentier, député. (cadastre Nice Bellet Var, liste alphabétique puis fiche Gambart n° 834 et fiche 1919, Georges Bishop.
- Anna Bishop, fameuse cantatrice internationale.Documentation australienne
- Sur le Recensement 1886, le chateau est occupé par Carolin Bishop, des pensionnaires et de nombreux serviteurs. 14 personnes. Selon le site Nice Rendez-vous, le chateau comprend un salon de musique mais pas sure que la cantatrice internationale Anna Bishop ait séjourné l'hiver 1887. C'est juste pour l"histoire.