Cet article fait partie de la biographie de François Nespola, Nice 1858-1911, cliquer ici pour voir le début
De par sa situation au bord de la Méditerranée et comme port des Etats de Savoie, Nice a toujours connu un brassage de population. En tant que ville frontière, elle a vu passer de nombreuses armées et subi de nombreux sièges jusqu'à ce que les Français rasent son chateau en 1706 sur les ordres de Louis XIV. Russes et Anglais ont pu apprécier son climat et y sont revenus.

Siège Franco Turc en 1543
François Ier fait alliance avec le sultan ottoman Soliman le Magnifique, contre Charles Quint. En 1543, Nice est assiégée par la flotte ottomane dirigée par Khayr al-Din, dit Barberousse. La ville basse est prise, lors de l'assaut du 15 août 1543, mais la forteresse résistera, jusqu'à ce que Français et Turcs se replient, au mois de septembre. C'est lors de ce siège qu'aurait eu lieu l'intervention du personnage, légendaire, de Catherine Ségurane. (
extrait de Wikipedia)
Dès 1750, le tourisme d'hiver,russe et anglais se développe à Nice.
Jusqu'en 1800, la ville se tenait sur la rive gauche du Paillon, sur ce qui constitue actuellement la "vieille ville". Quelques touristes anglais et des Russes ont commencé à y séjourner fin 1700.
Sur cette carte de 1624, on voit de gauche à droite :
- le quartier de la Croix de Marbre avec de grands jardins
- le fleuve Paillon
- la vieille ville aux pieds du chateau. De ce chateau, il ne reste actuellement que la tour Bellanda qui domine l'anse des Ponchettes et la pointe rocheuse de Roba Capeu.
- la grève et les pêcheurs qui tirent leurs filets. Le port de Nice n'existe pas encore, les petites barques accostent sur la grève des ponchettes aux pieds de la tour Bellanda.
Les touristes sont tombés sous le charme du climat au bord de cette baie des Anges. Cette clientèle riche s'est installée sur la rive droite du Paillon d'abord dans le quartier de la Croix de Marbre, hors les murs de la vieille ville puis dans de grands domaines en particulier le long de la route de France au bord de la Baie des Anges.
Cet essor touristique a littéralement explosé pendant la période post-Napoléonienne, après la restauration des Etats sardes entre 1814 et 1860.
Ce n'était que le début d'une période de fastes et de richesses qui s'est encore amplifiée avec le rattachement à la France en 1860 et le désenclavement de Nice vers l'Europe du Nord avec l'arrivée du train en 1864.
Les premiers touristes anglais
Tobias George Smollett est un des premiers écrivains anglais à faire connaître Nice dès la fin du XVIII eme siècle. Au cours d'un voyage vers l'Italie, il fait des séjours à Nice en 1764-65. Sa santé s'améliore grâce au climat dont il apprécie surtout l'hiver, l'été lui semble trop chaud. Au retour en Angleterre, il publie un livre pour raconter son voyage.
Extraits d’un de ses récits concernant les « festins » niçois qui se placent entre le printemps et l’été :
« [Hommes et femmes] se réunissent dans les plus beaux habits et dansent au son du fifre et du tambour. Des étalages ambulants offrent de la pacotille, des bibelots à offrir, des gâteaux, du pain, des liqueurs, du vin. Toute la société de Nice s’y rend. J’ai vu toute une noblesse à l’un de ces festins, qui se tenait sur la grande route en été, mêlée à une foule immense de paysans, de mules et d’ânes. Elle était couverte de poussière et transpirait de tous ses pores dans la chaleur excessive de l’été. Je serai fort ennuyé de savoir d’où peut naître leur plaisir dans ces occasions ou bien d’expliquer pourquoi ils vont tous à ces rendez-vous, à moins que cela ne leur soit prescrit comme une pénitence ou comme un avant goût du purgatoire. [...]
Les roses et les œillets sont envoyés à Turin, Paris et même Londres. On les emballe dans une boîte de bois, pressés les uns contre les autres, sans aucune préparation. Qui les reçoit coupe le bout des tiges et les plonge pendant deux heures dans de l’eau vinaigrée, redonnant leur fraîcheur et leur beauté. » (Nice 1764)

Son récit de voyage connaît un succès important. Il attire alors les toutes premières familles anglaises fortunées et les artistes en mal d'inspiration. (
Source Wikipedia)
Pour accueillir ces touristes, de grands hôtel sont construits dont l'hôtel Regina en 1896. Cet hôtel luxueux présentait tout le confort et accueillit la reine Regina Victoria d'Angleterre.La souveraine y séjourne du 12 mars au 28 avril 1897, puis du 13 mars au 28 avril 1898 et une troisième et dernière fois du 12 mars au 2 mai 1899.
Les premiers touristes russes
Le livre de
Ralph SCHOR, Histoire du Comté de Nice en 100 dates, ALANDIS Editions, ISBN 2-913637-48-5, le décrit très bien :
"En 1770, la flotte impériale fait escale à Villefranche-sur-Mer. Durant les guerres de la Révolution et de l'Empire la Russie soutient la Maison de Savoie exilée en Sardaigne. Les liens sont encore renforcés par les échanges commerciaux : le Comté, déficitaire en céréales achète le blé ukrainien expédié par Odessa. Les débuts du tourisme d'hiver renforcent l'intérêt des russes pour la région. Des héros de marque séjournent à Nice : le grand duc Michel , frère de Nicolas Ier en 1837 et Gogol en 1843-1844. Durant l'hiver 1850-1851 sont dénombrées 52 familes russes sur 560 familles étrangères installées dans la ville, 141 en 1856-1857 et 214 en 1850 ..."
Excellent livre, très agréable à lire !
Ensuite en 1856, vint Alexandra Fedorovna, veuve du tsar Nicolas Ier avec sa famille. En 1865, le tsarevitch Nicolas Alexandrovitch meurt à Nice à l'âge de 22 ans de méningite... en sa mémoire une chapelle est construite puis la très belle cathédrale orthodoxe, construite entre 1903 et 1913.
Petite Histoire : Au temps des folies , Michel Mikhailovitch, grand duc de Russie lui aussi mais né en 1861 - ce n'est pas le précédant - tombe amoureux à Nice d'une comtesse et se marie avec elle en 1891 sans l'accord de sa famille. Quand sa mère l'apprend, elle meurt d'une crise cardiaque...
(
et les aventures du prince ne sont pas finies ! Cliquer ici pour voir l'article détaillé sur Wikipedia)
Le train Paris-Lyon-Méditerranée arrive à Nice en 1864

Le train de la
Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, sigle PLM, arrive à Cagnes-sur-Mer en 1863. Malgré le rattachement de Nice à la France en 1860 et la volonté stratégique de Napoleon III, le fleuve Var fait obstacle à la prolongation de la ligne vers la nouvelle ville frontière de Vintimille. Une fois le solide pont en pierre construit et testé, les travaux avancent vite et les premiers trains arrivent à Nice en 1864. Dans le quartier Sainte-Hélène, le train longe la route nationale, il surplombe les campagnes et prévoit de nombreux ponts d'accès aux propriétés. Actuellement seuls trois subsistent, ceux du vallon Barla, de l'accès à l'école Sainte-Hélène et celui de Fabron.
Le train assure la liaison Paris Nice en moins de 24 heures en 1864 puis en 13 heures en 1914. L'essor du tourisme est renforcé mais aussi la vente des fleurs. Les deux vont permettre à notre ancêtre jardinier de gagner sa vie, d'acheter son terrain et de bâtir sa grande maison.
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